A partir d’un certain âge, on ne peut plus rien apprendre : vrai ou faux ? À une époque, on pensait que quand le cerveau avait atteint sa maturité, c’est-à-dire à l’âge adulte, il ne pouvait plus évoluer. Avec science, on sait aujourd’hui qu’il s’agit d’un mythe totalement démenti à l’heure actuelle. Le cerveau est en effet capable de changer et d’évoluer tout au long de notre vie grâce notamment à la très grande capacité des neurones du cerveau à changer de comportement pour s’adapter à tout moment.
Ce n’est donc pas parce que l’on vieillit que l’on ne peut plus rien apprendre ! Certes, avec l’âge, il est possible de ressentir certaines difficultés d’apprentissage par rapport à un jeune adulte en raison, par exemple, de l’altération de ses capacités de concentration ou d’attention qui peuvent apparaitre en vieillissant. Mais le fait de se lancer dans l’acquisition de nouvelles connaissances, donc d’apprendre, reste toujours possible. Apprendre permet même de s’ouvrir à de nouveaux horizons et de booster ses capacités cognitives !
- Apprendre après 50 ans
- Neuroplasticité du cerveau
- Vérités sur l’apprentissage âgé
- Capacités d’apprentissage seniors
Apprendre après 50 ans : mythe ou réalité ?
On dit souvent, surtout en vieillissant, qu’à partir d’un certain âge on ne peut plus rien apprendre. Un mythe qui est largement infondé. Et d’ailleurs, vouloir apprendre concrètement une nouvelle langue ou jouer d’un instrument de musique, par exemple, une fois la cinquantaine passée, séduit de nombreux quinquagénaires et plus.
Alors, même si apprendre est a priori plus facile quand on est plus jeune, songer, par exemple, à une reconversion professionnelle, de repartir en formation pour changer de vie après 50 ou 60 ans, ou encore entreprendre des études à la retraite pour continuer à se stimuler intellectuellement est tout à fait possible notamment comme le montre le récent développement de nombreuses structures universitaires en direction des seniors qui leur proposent entre autres d’apprendre de nouvelles choses.
Neuroplasticité : comment le cerveau s’adapte avec l’âge
Chaque année, pour des raisons qui peuvent être professionnelles, personnelles, psychologiques, etc., des personnes de 60-70 ans reprennent le chemin des études ou de la formation avec le même objectif qu’auparavant : apprendre, au contraire de consommer passivement des cours, c’est-à-dire stimuler leur cerveau avec de nouvelles connaissances.
C’est possible car des chercheurs, et notamment en neurosciences, ont prouvé depuis un certain temps déjà que le cerveau humain, qui est constitué de milliards de neurones reliés entre eux par des connexions spécialisées pour traiter certaines informations (pour entendre, parler, bouger, etc.), n’est pas un organe figé une fois arrivé à l’âge adulte.
Comme l’indique le Conseil supérieur de l’éducation du Québec dans l’introduction de son rapport Être ensemble à l’université…, les neurosciences actuelles considèrent « le cerveau comme un organe vivant d’une grande souplesse, flexible et ajustable en fonction des transformations de l’être humain, de ses expériences et des découvertes qui viennent de l’extérieur. Le cerveau se comporte comme acteur de ces transformations. Il est aussi dépendant des conditions de vie des humains et de ce qui les entoure. Il serait ainsi faux de penser que le cerveau évolue dans l’espace d’un double contrôle : de l’individu lui-même et du monde extérieur qu’il subit passivement ».
Apprendre est un phénomène qui met en jeu dans le cerveau de multiples neurones spécialisés qui ont la particularité d’être très actifs et de réagir en fonction des nouveaux guidages qui leur parviennent de l’extérieur, chez les jeunes comme chez les plus âgés.
Plusieurs expériences menées par des chercheurs ont mis en avant ce phénomène qui prouve que l’on peut apprendre à tout âge, et donc passer outre l’idée qu’à partir d’un certain âge on ne peut plus rien apprendre.
Chez les seniors, en particulier, des études ont ainsi montré que solliciter son cerveau avec l’apprentissage de nouvelles tâches, par exemple, est complètement possible. Cette capacité est en effet rendue possible par ce que l’on appelle la neuroplasticité qualifiée même parfois en ce qui concerne les seniors de « super plastique » !
La neuroplasticité désigne en effet la capacité du cerveau à s’adapter à de nouvelles informations, dont les fonctions évoluent sur le plan structurel, physique et fonctionnel, de manière continuelle en fonction de nouveaux environnements ou au contact d’expériences nouvelles.
D’où la conclusion que l’apprentissage est accessible à toutes les tranches d’âge, même pour les personnes âgées et celles plus âgées qui, dans le passé, ont utilisé leur cerveau de manière modérée. Ces dernières peuvent, en effet, tout à fait activer à grande échelle l’utilisation de leur cerveau en modifiant leurs schémas de comportements. Il n’est pas besoin non plus de pratiquer spécialement une activité physique ou intellectuelle régulière préalablement pour envisager d’apprendre quelque chose de nouveau.
Vérités derrière l’idée qu’à partir d’un certain âge, on ne peut plus rien apprendre
C’est vrai qu’avec l’âge, on a tendance à moins prendre d’initiatives, à changer moins nos habitudes, bref, on se met le plus souvent en mode routine et on est alors moins sollicité intellectuellement, on n’a plus l’occasion de se donner de nouveaux défis. Cette manière de concevoir sa vie est un schéma que certains adoptent avec l’avancée en âge, mais ne veut pas dire pour autant qu’apprendre ne soit plus possible !
Outre le fait d’être confronté moins à de nouveaux défis quand on vieillit, deux autres raisons peuvent expliquer que l’on pense qu’à partir d’un certain âge, on ne peut plus rien apprendre.
D’abord, la plupart des études menées sur le thème de l’apprentissage intègrent des seniors moins âgés que 60 ans. Ensuite, ces dernières sont très souvent basées sur la comparaison des capacités cognitives entre adolescents, 20-30 ans, quinquagénaires et les plus de 60 ans, ce qui n’est pas forcément équivalent ni vraiment comparable.
Il est alors tout à fait normal qu’entre ces différents échantillons d’âge, des différences au niveau des capacités cognitives des uns et des autres soient mises en évidence.
Différences dans les capacités d’apprentissage avec l’âge
Même si les dispositions du cerveau font que l’on peut toujours apprendre de nouvelles choses, quel que soit son âge, il n’en reste pas moins que les capacités d’apprentissage diffèrent entre les plus jeunes et les seniors.
Plusieurs études montrent en effet qu’en vieillissant, la motivation pour apprendre change et les sources qui incitent à apprendre sont modifiées. On pense en particulier à l’acquisition d’une formation professionnelle dans le but d’exercer un travail, ce type de formation peut être moins motivante pour les seniors en particulier qui n’ont plus forcément de finalité professionnelle en tête.
D’autre part, la disposition à apprendre change aussi avec l’âge.
Les seniors en particulier mettent davantage l’accent sur leur désir d’intégrer des cours adaptés à leurs préférences et à leurs intérêts tout en conservant leur autonomie d’apprentissage.
Mais aussi, comme le montre l’étude du Conseil supérieur de l’éducation au Canada déjà citée, leur niveau d’anxiété d’apprentissage est plus bas que celui qu’ils avaient plus jeunes et cette baisse peut nuire à leur capacité d’apprentissage.
Étudiants de cinquante ans et plus : une étude quantitative a en effet mis en avant que les étudiants de cinquante ans et plus reconnaissent qu’ils utilisent moins les ressources disponibles en lien avec leur apprentissage comme les directives, les exemples, les interventions, etc., fournis par les professeurs. Certains seniors estiment même que leur difficulté à bien s’intégrer dans leur communauté étudiante vient de ce qu’ils reconnaissent comme des difficultés en matière d’apprentissage.
Les seniors déclarent enfin souvent qu’ils doivent surmonter de nouvelles situations de vie qui peuvent constituer des obstacles à leurs projets, dont celui d’apprendre. Pensons à l’expérience du deuil, d’un divorce à un âge avancé, d’un départ douloureux de la vie active, l’apparition d’une maladie neurodégénérative, etc. La société dans laquelle vivent les seniors a aussi un impact : certaines sont plus attentives et prennent mieux en compte leurs besoins, ce qui a pour incidence de stimuler pour ces derniers leur motivation à apprendre encore.
D’autre part, il ne faut pas non plus se cacher que la capacité d’apprendre chez les seniors, mais plus largement la capacité d’apprentissage de chacun d’entre nous, dépend aussi de son état de santé général, mais aussi plus spécifiquement de celui de son cerveau. C’est un fait notamment parce que les personnes âgées sont susceptibles de développer davantage de sortes de lésions dans le cerveau.
Un état de fait qui a une incidence plus ou moins importante en particulier sur l’attention ou la concentration qui se trouve alors altérée, cette capacité à apprendre à tout âge qui est prônée par les chercheurs et possible encore mieux en faisant appel à ces ressources humaines que sont la motivation, la concentration et l’attention.
Facteurs influençant l’apprentissage | Impact observé chez les seniors |
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Motivation | Plus orientée vers le plaisir et l’intérêt personnel |
Capacités cognitives | Légère diminution, mais compensée par l’expérience |
Utilisation des ressources | Moins utilisée, demande d’accompagnement adapté |
Santé générale | Influe sur l’attention et la concentration |
Pour aller plus loin, vous pouvez consulter les travaux et références officiels, par exemple cet article du Parisien ou encore cet article du Service Public pour explorer l’accès à la formation quelle que soit l’étape de la vie.